LES TIRAILLEURS SENEGALAIS VU A TRAVERS
PLAN PROBLEMATIQUE.
OBJECTIFS :
I. PRESENTATION DU MUSEE
II. LES TIRAILLEURS SENEGALAIS ET LA FRANCE.
1. La naissance de cette armée et son rôle dans la conquête coloniale.
2. Le rôle des Tirailleurs Sénégalais dans les deux guerres mondiales.
3. Les Tirailleurs Sénégalais après la seconde guerre mondiale.
CONCLUSION
L’intérêt de la visite résulte du fait que le musée historique de Gorée présente tout un panorama de l’histoire du Sénégal.
En effet de la préhistoire jusqu’en 1988, c’est l’histoire du Sénégal qui se déroule comme un film dont les séquences apparaissent à travers les différentes salles qui existent dans le musée. Sur les douze salles, c’est la salle 10 ou « salle Europe » qui nous intéresse particulièrement et elle représente l’occupation du Sénégal par les Européens, depuis les Portugais (1444 ) jusqu’à la colonisation française
L’originalité de la salle réside dans le fait que le visiteur (l’élève ) trouve un ensemble de documents (iconographiques et écrits ), capables de lui permettre de se faire une idée claire sur les Tirailleurs Sénégalais et leur implication aux côtés des Français durant tout le processus de la colonisation.
PLACE
DANS LE PROGRAMME
Ce thème se trouve dans le programme d’histoire des classes de :
§ Troisième ( 3ème ) : Chapitre 3 , l’impérialisme en Afrique et chapitre 6, conflits et révolutions au début du XX ème et enfin chapitre 7, la décolonisation et l’affirmation du Tiers-monde
§ Première (1ère ) : chapitre 2, l’impérialisme et les résistances en Afrique ; chapitre 3, la première guerre mondiale ; chapitre 6, l’évolution du Sénégal jusqu’en 1939.
§ Terminale : chapitre 1, la deuxième guerre mondiale ; chapitre 2, la décolonisation et l’affirmation du Tiers-monde.
Qu’en est-il par rapport au nouveau programme ?
OBJECTIFS
Objectif général :
Au terme de la leçon les élèves doivent être capables de :
§ Comprendre le rôle joué par les Tirailleurs Sénégalais dans le processus de la colonisation.
Objectifs
spécifiques :
Au terme de la visite les élèves doivent être capables de :
§ Expliquer l’origine du corps des Tirailleurs Sénégalais.
§ Déterminer le rôle des Tirailleurs Sénégalais dans la colonisation et dans les deux guerres mondiales.
§ Montrer le rôle des Tirailleurs Sénégalais dans la décolonisation.
N.B : Le professeur pourrait s’il le désirait trouver d’autres objectifs en plus des objectifs sus indiqués.
I.
PRESENTATION DU MUSEE
Aménagé par l’I.F.A.N. Cheikh Anta Diop dès les années 1954, le premier emplacement était une maison située à l’angle des rues Malavois et Saint- Germain. C’est après le départ des prisonniers du fort d’ESTREES en 1977, que cet ouvrage militaire fut affecté au Ministère de l’enseignement supérieur pour les besoins de l’I.F.A.N. Cheikh Anta Diop, et le fort fut aménagé en musée historique du Sénégal.
Le fort d’ESTREES fut initialement désigné du nom de « Batterie du Nord » avant de porter le nom du vice Amiral Jean d’ESTREES. le fort a été construit entre 1852 et 1856 (d’après les plans de Pinet Laprade ).
L’ouvrage se localise à la pointe nord de l’île de Gorée, afin d’accroître l’efficacité dans la défense de Dakar et de la protection des abords de l’île.
Ce fort joua un rôle important et actif lors de la tentative de débarquement à Dakar des forces Anglo-gaullistes en 1940. Démantelé, le fort devient en 1950 , une annexe de la prison civile jusqu’à la décision de transfert des détenus à Dakar en 1977. L’actuel musée s’est limité à une aire géographique moins étendue que les territoires de l’A.O.F et s’est fixé comme objectif la présentation de l’histoire du Sénégal de la préhistoire à nos jours.
Ce rapport constitue un support pédagogique de taille dans le processus d’enseignement apprentissage des apprenants.
Au total douze thèmes sont développés dans ce musée (cf plan du musée ).
Examinons
le déroulement de la visite à travers la salle 10.
II.
LES TIRAILLEURS ET LA FRRANCE
a) La naissance de cette armée et son rôle dans la conquête coloniale.
Dès les premières installations des comptoirs sur les côtes africaines, les colons et les marchands européens utilisèrent les populations locales, comme fantassins, interprètes, ou pour protéger leurs établissements. BONAPARTE utilisa aussi des troupes de Noirs lors de sa campagne d’Egypte.
Mais le corps le plus célèbre, tant par son héroïsme et ses souffrances sur les champs de bataille que par la terreur qu’il fit dans les colonies où la métropole l’envoyait comme agent de l ’ordre et de la répression fut sans nul doute celui qu’on appelait les « Tirailleurs Sénégalais ».
Après diverses tentatives d’embrigadement des autochtones telle que la « Compagnie des Volontaires du Sénégal » en 1789 , il fut crée par décret impérial du 21 Juillet 1857, signé à PLOMBIERE grâce aux efforts de LOUIS LEON CESAR FAIDHERBE (cf décret portant création du corps ), un corps d’infanterie indigène sous la dénomination de « Tirailleurs Sénégalais ». Ils furent affabulés d’un costume à la turque avec culotte bouffante et pour rehausser leur prestige, on les arma du fusil double canon jusque là réservé aux seuls chefs.
Les bataillons deviennent très rapidement le premier instrument de la colonisation, son véritable bras armé. Ils partirent derrière leurs chefs métropolitains à la conquête de l’Afrique de l’ouest d’abord, puis de l’Afrique centrale et équatoriale, de Madagascar, de l’Afrique du nord entre autres…
Ce sont ces troupes qui combattirent SAMORY, BEHAZIN, EL HADI OMAR, RABAH pour ne citer que ceux là, et qui seront les héros méconnus de FACHODA, dans le projet de relier Dakar à Djibouti.
La France n’aurait pas eu sa part du Congo sans le dévouement d’un Tirailleur Sénégalais le Sergent Malamine qui tint tête à Stanley sur les rives du Congo. Comme dira l’un des compagnons de Savorgnan de Brazza « de même que le Congo belge a été par Zanzibarite serviteur de Stanley, le Congo français a été fait par Malamine » (cf René Maran « Savorgnan de Brazza »).
Dans tous les cas vers 1885 date du congrès de Berlin qui érigea les frontières actuelles de l’Afrique, la France avait pratiquement conquis la totalité de son empire coloniale avec le soutien sans faille des « Tirailleurs Sénégalais ».
b) Le rôle des Tirailleurs Sénégalais dans les deux guerres mondiales.
Au début du XXème siècle, les effets de la première guerre mondiale commencent à se faire sentir. La France préoccupée par les problèmes liés à la défense nationale, la baisse de la natalité, la réduction du service militaire, songe déjà à la circonscription des populations nord-africaines. Cependant les pieds noirs étaient hostiles à cette politique car craignant que les arabes ne se retournassent contre eux une fois instruits militairement.
Le général Mangin proposa l’utilisation des troupes noires pour une démonstration de force et pour rassurer les colons. Ainsi à la veille de la première guerre mondiale, il y avait deux unités en Algérie, treize au Maroc dont les Spahis qui devaient participer à la guerre du Rif en 1925. Ce fut pendant les deux guerres mondiales que le régiment des Tirailleurs Sénégalais (R.T.S) acquiert sa célébrité.
Lors de la première guerre mondiale, le général Mangin présente l’Afrique comme un immense réservoir de Tirailleurs . tout une campagne fut menée pour créer un mythe sympathique autour d’eux et pour prévenir l’opposition de certains milieux contre l’arrivée massive de « black from darkest Africa to fight in civilized Europe » (cf Cull, D.S « Reservoir of men : a history of black troops in french west Africa » 1934 ).
Très rapidement ces tirailleurs sont devenus un instrument incomparable de la conquête et de la domination.
Pendant la deuxième guerre mondiale le député Blaise Diagne se fit l’ardent partisan du recrutement et de l’envoi des troupes en métropole. Elles venaient de Côte d’Ivoire, du Tchad, de l’Oubangui Chari, de Madagascar etc…, mais gardèrent tous les noms génériques de Tirailleurs Sénégalais. Formés à la va-vite et dans des conditions précaires, ces hommes arrachés de leurs villages et aussitôt envoyés sur les champs de bataille européens étaient de véritables chairs à canon. On les voyait souvent amortir les chocs offensifs afin d’économiser « le blanc ». Les directives étaient d’ailleurs explicites :
« Pour une attaque brutale visant la rupture d’un front défensif adverse, on peut employer les troupes noires en fortes proportions ou en exclusivité ».
« Si une mission de sacrifice s’impose, défense sans esprit de recul pour procurer le temps nécessaire au regroupement des forces, il pourra encore être fait appel à la vaillance du combattant noir ». ( in revue du temps noirs, octobre 1938, cité par AbdouLaye Ly, « Les mercenaires noirs » Présence Africaine 1957).
La justification scientifique pour cet envie au massacre ne manque pas. Ainsi Faidherbe écrivait « ils sont braves comme presque tous les noirs parce qu’ils n’apprécient guère le danger et ont le système nerveux très peu développé ». ( Faidherbe, « notice sur le Sénégal »1859 ).
Mangin écrivait lui : « Le système nerveux de noir est beaucoup moins développé que celui du blanc. Tous les chirurgiens ont remarqué l’impassibilité du noir sous le bistouri. Il est certain que nos noirs peuvent figurer dans n’importe quel champ de bataille ». ( Mangin, « La mission des troupes noires » 1911).
Ces noirs ont pris part à toutes les batailles, ils ont été victimes de tous les massacres, ils sont tombés à Verdun, sur le front de la Somme, dans les Dardanelles contre les Turcs en Orient. Dans plusieurs cas ils ont résisté comme à Chasselay (près de Lyon) où 200 Tirailleurs du 25 RTS furent massacrés par l’artillerie allemande après une bataille farouche et désespérée le 20 Juin 1940. Exaspérés par cette résistance les Allemands prirent ceux qui étaient vivants, « les alignèrent contre les murs du couvent et les hachèrent littéralement à la mitrailleuse. » (Histoire des peuples noires ).
D’une manière générale il était rare que les Allemands fassent des prisonniers noirs . Hitler reprochait à la France d’être la honte du monde « civilisé » et de vouloir « négrifier » l’Allemagne et la « judaïser » en même temps.
Déjà lors de la première guerre mondiale, il eut des campagnes contre le soldat noir, « ces collectionneurs d’oreilles », « cette honte sur le Rhin » (cf Nelson K.L. « Black horror on the Rhin » in Journal of modern history, vol. 42, 1970).
D’ailleurs aussitôt après les deux conflits, la France se dépêcha de les retirer des villes allemandes conquises, car le Ministère des colonies craignait la mauvaise influence que l’occupation d’une ville européenne pouvait avoir sur la psychologie des noirs.
Ki-zerbo donne un chiffre de 520.000 Africains mobilisés lors des deux guerres mondiales (cf Histoire de l’Afrique Noire, 1970, p470). Cce furent ainsi plus d’un million d’hommes qui partirent « défendre la liberté » sur le sol français et européen. Il ne faudrait pas croire que ces Africains recrutés de force n’ont offert aucune résistance. La révolte contre la conscription atteignait parfois une telle ampleur qu’il fallait souvent de véritables expéditions pour en venir à bout.
c)
Les Tirailleurs
après la deuxième guerre mondiale.
Après la deuxième guerre mondiale les légionnaires noirs qui avaient à défendre la liberté en France furent alors utilisés pour mâter les ouvriers en grève dans les mines de charbon du nord de la France, ou les dockers de Marseille.
Dans les colonies ils devinrent une force de répression particulièrement féroce. Ils servirent en Algérie, en Tunisie, au Maroc. Au Cameroun ils luttèrent contre l’U.P.C, en Asie ils combattirent les nationalistes indochinois. Mais leur page la plus sanglante a été probablement Madagascar où les massacres commis par les Tirailleurs en 1947 ont laissé un profond traumatisme dans la mémoire collective (cf Frantz fanon, « Peau noire , masque blanc »). Là où il n’y avait pas d’insurrection à mâter, ils étaient des agents zélés du maintien du pouvoir colonial et de l’exploitation des indigènes. Ils traquaient une population terrorisée pour réclamer l’impôt, pour enrôler les hommes et les envoyer dans les travaux forcés que furent les constructions de routes et de chemins de fer. Ces exactions n’ont pas empêché les peuples africains de toujours lutter pour l’indépendance. Beaucoup de mouvements de résistance sont nés d’ailleurs sur le sillage de ces soldats qui faisaient tout pour asseoir l’autorité de « leurs maîtres ». Mais certains de ces Tirailleurs ont été à l’avant garde de la lutte de libération de leur peuple. C’est le cas par exemple de Marien Ngouabi.
CONCLUSION :
Au demeurant les mêmes souffrances sur le champ de bataille ne donnent pas les mêmes droits selon que l’on soit Français de la métropole ou de colonie. Les anciens Tirailleurs démobilisés n’ont jamais touché les mêmes allocations malgré les promesses des différents gouvernements Français. La France que certains anciens combattants Français, par solidarité à leurs frères d’armes Africains, n’ont pas hésiter à qualifier « d’amère patrie ».
SEYDOU
TOURE PROF. HG CEM A. SY
TIV. Juin 1999