IA de Thiès                                                                                                                                                                       Année Scolaire 2000 - 2001

IDEN de Tivaouane

CEM Ababacar SY  Tivaouane

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La place et le rôle de la femme dans la société traditionnelle

Monsieur Bassirou Diop, enseignant en retraite de son état, a présenté une communication portant sur la place et le rôle de la femme dans la société traditionnelle, en salle VIII, le Samedi 08 avril 2000, en présence de quelques élèves des classes de 4ème    et 3ème du CEM Ababacar Sy.

L'ex Surveillant Général a ouvert son discours par une mise en garde contre la présentation trop caricaturale que l'occident fait à dessein de nos réalités en les analysant trop souvent de façon fallacieuse et étriquée pour ne les monter à la face du monde que sous un faux jour. Il y a donc nécessité, souligne Mr Diop, de différencier la façon dont l'occident conçoit nos réalités et la manière dont celles-ci se posent réellement. Ainsi analysant le phénomène de la malnutrition des enfants africains, certains médias européens, se sont empressés, explique Mr Diop, de dire que celui -ci s'explique par l'interdiction formelle faite par les adultes aux enfants d'accéder aux meilleurs délices servies dans le repas, pour en revanche se les réserver exclusivement. Faux, martèle le conférencier. En effet poursuit-il, la réserve imposée aux enfants au moment des repas procède d'un souci éducatif des parents qui veulent annihiler, éconduire et réprimer tout relent d'égoïsme qui caractérise tout enfant à cet âge et de susciter, en lui, le sens du partage,   de la communion de la mesure et de la retenue. Une telle analyse est d'une absurdité inouïe car la décence, l'éthique et l'amour filial, explique le doyen, concevraient mal une telle pratique quand on sait surtout, ajoute-t-il, la fragilité de la complexion de l'enfant à pareil âge.

Par ailleurs, l'aliénation culturelle, savamment entretenue par l'occident a fini, subrepticement par susciter en nous, une certaine méfiance voire une phobie par rapport à nos langues et tenues vestimentaires au point que les élèves soient plus sensibles à l'éloquence d'un orateur en langue française qu'ils ne le seraient dans une de nos langues nationales.

Abordant le thème en question, Mr Diop a fait remarquer que la place et le rôle de la femme africaine dans la société traditionnelle ont été, dans la même veine, mal pensés et mal présentés par les occidentaux dont la seule préoccupation est de pérenniser leur impérialisme culturel et d'éterniser leur domination qui n'a que trop duré. Ainsi, à leurs yeux, la femme africaine apparaît comme une bête de somme, ne vivant que pour effectuer un travail de bagnard et n'ayant guère voix au chapitre. Pour eux, précise le doyen, la femme africaine traditionnelle n'est rien de moins qu'une esclave, soumise au dispositif marital et privée de tout droit. Le travail de la femme en Afrique, explique Mr Diop, n'est pas ce qu'en pensent les Européens c'est-à-dire un servage mais, un travail spontanément accepté, librement consenti. Mieux, la condition féminine, en Afrique traditionnelle, poursuit-il, n'est pas non plus dégradante car la société a toujours placé la femme sur un piédestal. D'ailleurs la succession au trône dans les royaumes pré coloniaux se faisait en fonction de la lignée matrilinéaire. Ainsi, enrichit-il, ce n'est pas un hasard si dans certains noms africains, on retrouve le prénom de la mère : Lat Dior Ngoné Latyr ( Lat Dior de sa mère Ngoné) ou Mamadou Bineta Sarr ( Mamadou de sa mère Bineta )… cela démontre à suffisance s'il en était encore besoin, la marque de considération qui a toujours été attribuée à la femme.

En outre le conférencier a rappelé et défini le rôle de la femme qui, au-delà des tâches ménagères, est appelée à concevoir et éduquer des enfants dont les premières humanités sont incontestablement soumises à la gouvernance et à la prévenance  maternelles. C'est d'ailleurs sous ce rapport, souligne M. Diop, qu'il faut entendre, envisager et admettre la notion d'égalité des genres. Egalité qui, ne saurait être mathématique mais fonctionnelle. Aussi, le stade ontogénique le plus important chez l'homme est sa prime enfance au cours de laquelle le caractère de l'individu est forgé, modelé, inventé par la mère - encore elle - qui a le privilège du contact psycho-affectif premier avec l'enfant. Ainsi, explique le doyen, la chaleur communicative au moment de l'allaitement, l'affection et la tendresse dont l'enfant jouit de sa mère sont gage d'un caractère fort qui ne peut que déboucher sur le "Joom". Mais si à la place de la douceur et de la tendresse maternelles, l'enfant ne reçoit que des brimades, des humiliations et vexation, il n'est fort probable qu'il deviendra un défaitiste, un foireux toujours moins sûr de sa personne et exposé à l'insuccès.

Paraphrasant un auteur français, Mr Diop dira, à ce chapitre, que le cœur d'un est comme un  vase profond si bien que s'il reçoit une eau impure, aucun océan ne pourra le débarrasser de la souillure car l'abîme est profond et la tâche est au fond. Tout cela, ajoute-t-il atteste de l'importance du rôle de la femme dans le devenir de l'être humain. Une telle théorie, poursuit-il, trouve son illustration la plus parfaite dans le domaine sportif où les athlètes noirs ne cessent de ravir les palmes au détriment de leurs challengers blancs. En effet soutient le conférencier, s'il en est ainsi, c'est parce que l'allaitement au sein que nous privilégions dans nos pays est de beaucoup meilleur en ce qu'il permet le développement de la chaleur communicative entre l'enfant et sa mère qui procure toujours le "Joom", gage du succès. L'occidental, lui, à la place du sein choisit le biberon. C'est donc, conclut-il, la manifestation du triomphe de "la civilisation du sein" sur celle du biberon".

Répondant à la question de savoir ce qu'il entendait par l'émancipation de la femme dont on parle tant en Afrique, M. Diop a dit son désaccord sur le concept d'émancipation de la femme qui pour lui, suppose un embrigadement, un supplice ou une captivité dont la femme n'a jamais été, en tout cas en Afrique traditionnelle, victime. Interpellé sur la scolarisation des filles, M. Diop a exprimé la nécessité de celle-ci parce qu'elle permettra, à la future femme d'acquérir, par le canal de l'école, un tant soit peu de connaissances qui seront mises à contribution ultérieurement pour assumer   et mieux assumer  son rôle de mère et d'éducatrice.

Le conférencier, ayant été invité à donner ses sentiments sur les mariages forcés, a fait remarquer à ce sujet que ceux-ci avaient plus de longévité que sur ceux dits aujourd'hui, mutuellement consentis. Les raisons sont à rechercher dans l'environnement immédiat de ces  ménages qui évoluaient dans l'ambiance des grandes concessions où les conseils des parents, les soutiens fusaient tous azimuts. Ainsi, la femme n'avait pas encore été comme elle est aujourd'hui : banalisée, démystifiée. De plus l'adolescente d'alors - qui est aujourd'hui rare - ne pensait jamais faire quasimodo avant pâques ! Ce qui de nos jours est monnaie courante auprès des jeunes. En revanche, les couples modernes, plus portés à l'isolement s'exposent mieux au divorce.

Enfin Mr Christian Laliberté, stagiaire canadien, intrigué par la sexualisation des tâches en Afrique a demandé que sa lanterne soit éclaircie sur les fondements de la répartition des occupations en fonction des genres. A ce sujet, le Surveillant Diop lui a signifié que les raisons ne sont autres que traditionnelles. C'est ce qui fait qu'untel homme se gênerait à se voir cuisiner ou linger par exemple.

Synthèse de  Mr  Idrissa Layane

Prof  de Français

CEM Ababacar Sy Tivaouane – Sénégal

Saisie et présentation : Club EVF – Cyber AbSY

geepabs@geep.org