IA de Thiès Année Scolaire 2000 - 2001
IDEN de Tivaouane
CEM Ababacar SY
Tivaouane
)955
15 92 + BP 28
La
place et le rôle de la femme dans la société traditionnelle
Monsieur Bassirou Diop,
enseignant en retraite de son état, a présenté une communication portant sur la
place et le rôle de la femme dans la société traditionnelle, en salle VIII, le
Samedi 08 avril 2000, en présence de quelques élèves des classes de 4ème et 3ème du CEM Ababacar Sy.
L'ex Surveillant Général a
ouvert son discours par une mise en garde contre la présentation trop
caricaturale que l'occident fait à dessein de nos réalités en les analysant
trop souvent de façon fallacieuse et étriquée pour ne les monter à la face du
monde que sous un faux jour. Il y a donc nécessité, souligne Mr Diop, de
différencier la façon dont l'occident conçoit nos réalités et la manière dont
celles-ci se posent réellement. Ainsi analysant le phénomène de la malnutrition
des enfants africains, certains médias européens, se sont empressés, explique
Mr Diop, de dire que celui -ci s'explique par l'interdiction formelle faite par
les adultes aux enfants d'accéder aux meilleurs délices servies dans le repas,
pour en revanche se les réserver exclusivement. Faux, martèle le conférencier.
En effet poursuit-il, la réserve imposée aux enfants au moment des repas
procède d'un souci éducatif des parents qui veulent annihiler, éconduire et
réprimer tout relent d'égoïsme qui caractérise tout enfant à cet âge et de
susciter, en lui, le sens du partage,
de la communion de la mesure et de la retenue. Une telle analyse est
d'une absurdité inouïe car la décence, l'éthique et l'amour filial, explique le
doyen, concevraient mal une telle pratique quand on sait surtout, ajoute-t-il,
la fragilité de la complexion de l'enfant à pareil âge.
Par ailleurs, l'aliénation
culturelle, savamment entretenue par l'occident a fini, subrepticement par
susciter en nous, une certaine méfiance voire une phobie par rapport à nos
langues et tenues vestimentaires au point que les élèves soient plus sensibles
à l'éloquence d'un orateur en langue française qu'ils ne le seraient dans une
de nos langues nationales.
Abordant le thème en
question, Mr Diop a fait remarquer que la place et le rôle de la femme
africaine dans la société traditionnelle ont été, dans la même veine, mal
pensés et mal présentés par les occidentaux dont la seule préoccupation est de
pérenniser leur impérialisme culturel et d'éterniser leur domination qui n'a
que trop duré. Ainsi, à leurs yeux, la femme africaine apparaît comme une bête
de somme, ne vivant que pour effectuer un travail de bagnard et n'ayant guère
voix au chapitre. Pour eux, précise le doyen, la femme africaine traditionnelle
n'est rien de moins qu'une esclave, soumise au dispositif marital et privée de
tout droit. Le travail de la femme en Afrique, explique Mr Diop, n'est pas ce
qu'en pensent les Européens c'est-à-dire un servage mais, un travail
spontanément accepté, librement consenti. Mieux, la condition féminine, en
Afrique traditionnelle, poursuit-il, n'est pas non plus dégradante car la
société a toujours placé la femme sur un piédestal. D'ailleurs la succession au
trône dans les royaumes pré coloniaux se faisait en fonction de la lignée
matrilinéaire. Ainsi, enrichit-il, ce n'est pas un hasard si dans certains noms
africains, on retrouve le prénom de la mère : Lat Dior Ngoné Latyr ( Lat Dior
de sa mère Ngoné) ou Mamadou Bineta Sarr ( Mamadou de sa mère Bineta )… cela
démontre à suffisance s'il en était encore besoin, la marque de considération
qui a toujours été attribuée à la femme.
En outre le conférencier a
rappelé et défini le rôle de la femme qui, au-delà des tâches ménagères, est
appelée à concevoir et éduquer des enfants dont les premières humanités sont
incontestablement soumises à la gouvernance et à la prévenance maternelles. C'est d'ailleurs sous ce
rapport, souligne M. Diop, qu'il faut entendre, envisager et admettre la notion
d'égalité des genres. Egalité qui, ne saurait être mathématique mais
fonctionnelle. Aussi, le stade ontogénique le plus important chez l'homme est
sa prime enfance au cours de laquelle le caractère de l'individu est forgé,
modelé, inventé par la mère - encore elle - qui a le privilège du contact
psycho-affectif premier avec l'enfant. Ainsi, explique le doyen, la chaleur
communicative au moment de l'allaitement, l'affection et la tendresse dont
l'enfant jouit de sa mère sont gage d'un caractère fort qui ne peut que
déboucher sur le "Joom". Mais si à la place de la douceur et de la
tendresse maternelles, l'enfant ne reçoit que des brimades, des humiliations et
vexation, il n'est fort probable qu'il deviendra un défaitiste, un foireux
toujours moins sûr de sa personne et exposé à l'insuccès.
Paraphrasant un auteur français, Mr Diop dira, à ce chapitre, que le cœur d'un est comme un vase profond si bien que s'il reçoit une eau impure, aucun océan ne pourra le débarrasser de la souillure car l'abîme est profond et la tâche est au fond. Tout cela, ajoute-t-il atteste de l'importance du rôle de la femme dans le devenir de l'être humain. Une telle théorie, poursuit-il, trouve son illustration la plus parfaite dans le domaine sportif où les athlètes noirs ne cessent de ravir les palmes au détriment de leurs challengers blancs. En effet soutient le conférencier, s'il en est ainsi, c'est parce que l'allaitement au sein que nous privilégions dans nos pays est de beaucoup meilleur en ce qu'il permet le développement de la chaleur communicative entre l'enfant et sa mère qui procure toujours le "Joom", gage du succès. L'occidental, lui, à la place du sein choisit le biberon. C'est donc, conclut-il, la manifestation du triomphe de "la civilisation du sein" sur celle du biberon".
Répondant à la question de
savoir ce qu'il entendait par l'émancipation de la femme dont on parle tant en
Afrique, M. Diop a dit son désaccord sur le concept d'émancipation de la femme
qui pour lui, suppose un embrigadement, un supplice ou une captivité dont la
femme n'a jamais été, en tout cas en Afrique traditionnelle, victime.
Interpellé sur la scolarisation des filles, M. Diop a exprimé la nécessité de
celle-ci parce qu'elle permettra, à la future femme d'acquérir, par le canal de
l'école, un tant soit peu de connaissances qui seront mises à contribution
ultérieurement pour assumer et mieux
assumer son rôle de mère et d'éducatrice.
Le conférencier, ayant été
invité à donner ses sentiments sur les mariages forcés, a fait remarquer à ce
sujet que ceux-ci avaient plus de longévité que sur ceux dits aujourd'hui,
mutuellement consentis. Les raisons sont à rechercher dans l'environnement
immédiat de ces ménages qui évoluaient
dans l'ambiance des grandes concessions où les conseils des parents, les
soutiens fusaient tous azimuts. Ainsi, la femme n'avait pas encore été comme
elle est aujourd'hui : banalisée, démystifiée. De plus l'adolescente d'alors -
qui est aujourd'hui rare - ne pensait jamais faire quasimodo avant pâques ! Ce
qui de nos jours est monnaie courante auprès des jeunes. En revanche, les
couples modernes, plus portés à l'isolement s'exposent mieux au divorce.
Enfin Mr Christian
Laliberté, stagiaire canadien, intrigué par la sexualisation des tâches en
Afrique a demandé que sa lanterne soit éclaircie sur les fondements de la
répartition des occupations en fonction des genres. A ce sujet, le Surveillant
Diop lui a signifié que les raisons ne sont autres que traditionnelles. C'est
ce qui fait qu'untel homme se gênerait à se voir cuisiner ou linger par
exemple.
CEM Ababacar Sy Tivaouane – Sénégal
Saisie et présentation : Club EVF – Cyber
AbSY